27 octobre 2006

La télévision et l'autisme

(Agence Science-Presse) - Il y a quelques années, des parents inquiets voulaient à tout prix associer l’autisme à la vaccination. Voici qu’ils pourraient y associer... la télévision. Le plus sérieusement du monde, des chercheurs affirment que la hausse des cas d’autisme serait liée à la hausse de l’écoute de la télé! Une hypothèse qu ne plaît pas... aux géants de la télé.

Y a-t-il un lien entre l’autisme et la télévision, ont demandé en fin de semaine dernière de nombreux médias de la planète, en réaction à la publication, dans un congrès d’économistes, d’une étude statistique signée par deux chercheurs de l’Université Cornel (État de New York). Ceux-ci y concluent à une corrélation entre la hausse du nombre d’enfants autistes sur la côte Ouest des États-Unis et la hausse des abonnements au câble et de l’achat de magnétoscopes au cours des dernières décennies.

Les chiffres fournis par la National Austic Society des États-Unis sont, il est vrai, impressionnants: il y a 30 ans, on estimait qu’un individu sur 2500 souffrait d’autisme; aujourd’hui, on parle de un sur 166. Les détracteurs, eux, rétorquent que cette hausse est plutôt le reflet d’un meilleur diagnostic de l’autisme.

Chose certaine, le lien entre autisme et télévision, lui, a rapidement été dénoncé dans certains médias, dont la journaliste du Time qui, dès l’amorce de son article, conclut que si la hausse du nombre d’autistes "est l’un des plus grands mystères de la médecine moderne, il serait irresponsable de blâmer un facteur sans preuve scientifique solide".

Or, les médias sont dans une position délicate, puisque plusieurs, dont le Time, font partie de conglomérats qui englobent de très lucratifs réseaux de télévision. "Puisque le Time se considère apte à accuser les autres d’irresponsabilité", réplique le journaliste qui, dans le cyber-magazine Slate, fut le premier à parler de cette étude, "il aurait été bon que le Time souligne que la compagnie qui le possède a des intérêts financiers à dénoncer cette recherche".

Le débat scientifique n’est même pas commencé qu’il a déjà été submergé par le débat médiatique. Comme cela a déjà été le cas, dans le passé, avec d’autres causes supposées de l’autisme qui, dans les mois ou les années qui ont suivi, ont été chaque fois rejetées par des études plus solides.

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