10 février 2012

De nouveaux résultats soulignent l'importance des gènes synaptiques dans l'autisme

Merci aux responsables du CNRS qui nous autorisent à diffuser l'information suivante reprise sur le site du CNRS

L'autisme, nommé grande cause nationale, sera un sujet d'actualité en France pendant toute l'année 2012. Paradoxalement ce syndrome, et surtout ses origines, restent mal connus. Une étude, publiée le 9 février 2012 dans Public Library of Science - Genetics, démontre que des mutations génétiques perturbant la communication entre les neurones seraient directement impliquées dans la maladie. Ces nouveaux résultats confirment l'origine neurobiologique des troubles du spectre autistique. 

Ils sont le fruit d'une collaboration entre des chercheurs de l'Institut Pasteur, du CNRS, de l'Inserm, et de l'AP-HP, avec l'université Paris Diderot, l'hôpital Robert Debré (AP-HP), le Centre Gillberg de Neuropsychiatrie (Suède), l'université d'Ulm (Allemagne), le Centre National de Génotypage du CEA, et la Fondation FondaMental.

Les troubles du spectre autistique (TSA) sont un groupe hétérogène de maladies du développement neurologique dont les origines génétiques sont mal connues. Des mutations dans plus d'une centaine de gènes ont déjà été associées aux TSA, mais il est difficile d'évaluer leurs rôles précis dans les fonctions neurales et de hiérarchiser leur importance relative. Les analyses génétiques menées à l'institut Pasteur ont permis de mettre en évidence de nouvelles mutations dans le gène SHANK2, allant jusqu'à la perte totale d'une copie du gène SHANK2 chez certains patients. Le gène SHANK2 code une protéine localisée au niveau des synapses, les points de contact et de communication entre les neurones.
Les chercheurs ont montré dans des cultures de neurones que les mutations du gène SHANK2 sont associées à une diminution du nombre de synapses et donc à une altération de la communication entre les neurones. D'autre part, des analyses plus fines réalisées sur les 3 patients chez qui une copie de ce gène manquait, ont mis en évidence d'autres anomalies chromosomiques, rares, mais déjà associées à d'autres maladies neuropsychiatriques.
"L'ensemble de ces résultats souligne l'importance cruciale des gènes synaptiques dans les troubles du spectre autistique," explique le Pr Thomas Bourgeron, chef de l'unité Institut Pasteur-CNRS de génétique humaine et fonctions cognitives. "D'autre part, ils pointent vers l'existence de gènes modificateurs qui pourraient moduler les symptômes que nous regroupons sous le nom de TSA."
Ces résultats représentent une confirmation importante du rôle des mutations génétiques dans le déclenchement et l'évolution de l'autisme. Des analyses plus approfondies seront nécessaires pour décrire plus précisément le rôle de ces altérations ainsi que leurs interactions.

Références :

Genetic and Functional Analyses of SHANK2 Mutations Suggest a Multiple Hit Model of Autism Spectrum Disorders

Claire S Leblond1,2,3, Jutta Heinrich4, Richard Delorme1,2,5, Christian Proepper4, Catalina Betancur6,7,8, Guillaume Huguet1,2,3, Marina Konyukh1,2,3, Pauline Chaste1,2,3, Elodie Ey1,2,3, Maria Rastam9, Henrik Anckarsäter10, Gudrun Nygren11, I. Carina Gillberg11, Jonas Melke12, Roberto Toro1,2,3, Beatrice Regnault13, Fabien Fauchereau1,2,3, Oriane Mercati1,2,3, Nathalie Lemière1,2,3, David Skuse14, Martin Poot15, Richard Holt16, Anthony P Monaco16, Irma Järvelä17, Katri Kantojärvi17, Raija Vanhala17, Sarah Curran18, David A Collier19, Patrick Bolton18,19, Andreas Chiocchetti20, Sabine M. Klauck20, Fritz Poustka21, Christine M. Freitag21, Regina Waltes21, Marnie Kopp21, Eftichia Duketis21, Elena Bacchelli22, Fiorella Minopoli22, Liliana Ruta23, Agatino Battaglia24, Luigi Mazzone25, Elena Maestrini22, Ana F. Sequeira26,27,28, Barbara Oliveira26,27,28, Astrid Vicente26,27,28, Guiomar Oliveira29, Dalila Pinto30, Stephen W Scherer30, Diana Zelenika31, Marc Delepine31, Mark Lathrop31, Dominique Bonneau32,33, Vincent Guinchat34, Françoise Devillard35, Brigitte Assouline34, Marie-Christine Mouren5, Marion Leboyer36,37,38, Christopher Gillberg11,39, Tobias M Boeckers4 and Thomas Bourgeron1,2,3*
  1.  Human Genetics and Cognitive Functions, Institut Pasteur, Paris, France 
  2. CNRS URA 2182 'Genes, synapses and cognition', Institut Pasteur, Paris, France
  3. University Paris Diderot, Paris, France
  4. Institute of Anatomy and Cell Biology, Ulm University, 89081 Ulm, Germany
  5. Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, Robert Debré Hospital, Department of Child and Adolescent Psychiatry, Paris, France
  6. INSERM, U952, Paris, France
  7. CNRS, UMR 7224, Paris, France
  8. UPMC Univ Paris 06, Paris, France
  9. Department of Clinical Sciences in Lund, Lund University, Lund, Sweden
  10. Institute of Clinical Sciences, Lund University, Malmö, Sweden
  11. Gillberg Neuropsychiatry Centre. University of Gothenburg, Göteborg, Sweden 
  12. Institute of Neuroscience and Physiology, Department of Pharmacology, Gothenburg University, Sweden.
  13. Eukaryote Genotyping Platform. Genopole. Institut Pasteur, Paris, France
  14. Behavioural and Brain Sciences Unit, Institute of Child Health, University College London, UK
  15. Department of Medical Genetics, University Medical Center Utrecht, Utrecht, NL
  16. Wellcome Trust Centre for Human Genetics, University of Oxford, Oxford, UK
  17. Department of Medical Genetics, University of Helsinki, Helsinki, Finland
  18. Academic Department of Child & Adolescent Psychiatry, Institute of Psychiatry, King's College London, UK
  19. Social Genetic Developmental Psychiatry Centre, Institute of Psychiatry, King's College London, UK
  20. Division of Molecular Genome Analysis, German Cancer Research Center (DKFZ), Heidelberg, Germany
  21. Department of Child and Adolescent Psychiatry, Psychosomatics and Psychotherapy, Goethe University, Frankfurt am Main, Germany
  22. Department of Biology, University of Bologna, Italy
  23. Division of Child Neurology and Psychiatry, Department of Paediatrics, University of Catania, Catania, Italy
  24. Stella Maris Clinical Research Institute for Child and Adolescent Neuropsychiatry, Calambrone (Pisa), Italy
  25. Division of Child Neurology and Psychiatry, Department of Pediatrics, University of Catania, Catania, Italy
  26. Instituto Nacional de Saude Dr Ricardo Jorge, Lisbon, Portugal
  27. Instituto Gulbenkian de Ciencia, Oeiras, Portugal
  28. Center for Biodiversity, Functional and Integrative Genomics, Campus da FCUL, Lisboa, Portugal
  29. Unidade Neurodesenvolvimento e Autismo, Centro Investigação e Formação Clinica, Hospital Pediátrico Coimbra e Faculdade Medicina, Universidade Coimbra, Portugal
  30. The Centre for Applied Genomics and Program in Genetics and Genomic Biology, The Hospital for Sick Children, Toronto, Canada
  31. Centre National de Génotypage, Evry, France
  32. INSERM U771 and CNRS 6214, Angers, F-49000, France
  33. Département de Biochimie et Génétique, Centre Hospitalier Universitaire, Angers, F-49000 France
  34. CADIPA - Centre de Ressources Autisme Rhône-Alpes, Saint Egrève, France
  35. Genetics Department, Hôpital Couple-Enfant, Grenoble, France
  36. INSERM, U955, Psychiatrie Génétique, Créteil, 94000, France
  37. Université Paris Est, Faculté de Médecine, Créteil, France
  38. AP-HP, Hôpital H. Mondor - A. Chenevier, Département de Psychiatrie, Créteil, 94000, France
  39. Institute of Child Health, University College London, London, UK

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