11 juin 2013

Un risque accru d’autisme en cas d’anomalie de la croissance fœtale, en plus ou en moins

Un grand merci au Docteur Gilles Haroche, président du Journal International de Médecine qui nous autorise à reproduire l'article du docteur Alain Cohen


Les troubles du spectre autistique (TSA) relèvent d’une étiologie complexe et multifactorielle où des facteurs organiques (comme des altérations du neuro-développement) jouent vraisemblablement un rôle très important.

Déjà confirmée dans d’autres problématiques (troubles du langage, troubles de l’attention, hyperactivité, difficultés d’apprentissages scolaires), l’incidence de la croissance fœtale sur le risque de TSA est recherchée dans une étude portant sur une population suédoise (4 283 jeunes de 0 à 17 ans avec TSA, avec ou sans déficience intellectuelle associée). Les anomalies de la croissance fœtale sont appréciées notamment par les données échographiques (indiquant l’âge gestationnel) et le poids à la naissance.

On constate une association entre le risque de TSA et des anomalies de la croissance fœtale (à partir de -1,5 déviations standards ou de +2 déviations standards pour l’âge gestationnel). Ce risque s’avère maximal quand la croissance fœtale se situe à plus de 2 écarts-types, en-dessous de la moyenne (Odds Ratio= 1,70 ; Intervalle de Confiance à 95 % [1,44–2,01]) ou au-dessus de la moyenne (Odds Ratio= 1,50 ; Intervalle de Confiance 95 % [1,27–1,77] ). Cette même tendance est observée pour l’ensemble des TSA, avec ou sans déficience intellectuelle, mais une « mauvaise croissance fœtale » (par exemple une croissance inférieure à la moyenne) se trouve plus fortement associée à un risque de TSA avec déficience intellectuelle que de TSA sans déficience cognitive.

D’autre part, indépendamment de toute considération sur la croissance fœtale, une naissance prématurée se révèle un facteur augmentant le risque de TSA.
Que ces anomalies de la croissance fœtale relèvent ou non de mécanismes génétiques, elles constituent un « antécédent significatif » pour un risque ultérieur de TSA, surtout quand elles se situent aux deux extrêmes de la statistique de répartition. 
Et à ce titre, elles doivent donc être recherchées dans l’évaluation d’un enfant chez lequel un diagnostic de TSA est envisagé. 

Réciproquement, les enfants avec anomalies de croissance fœtale sévère doivent être mieux surveillés et orientés si besoin en pédopsychiatrie, vu la majoration du risque de TSA imputable à ce type d’anomalie.
Dr Alain Cohen

Abel KM et coll.: Deviance in fetal growth and risk of Autism Spectrum Disorder. Am J Psychiatry, 2013; 170: 391–398.

Aucun commentaire: